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bienvenue sur mon blog , et bonne lecture ! petite chapelle 31 janvier 2013 te serrer dans mes bras, et te le dire…. mais te le dire avec d’autres mots si possible, pour ne rien galvauder, quand bien même seuls les mots originels viennent spontanément aux lèvres; sans doute parce qu’ils sont seuls à expriment si bien le message qu’ils portent, depuis toujours et dans toutes les langues du monde… pouvoir te le dire, le redire encore et encore jusqu’au vertige. que l’on me donne des mots qui soient aussi forts, aussi beaux, aussi vrais, aussi simples, mais qui n’appartiennent qu’à moi, que personne jamais ne te dira que moi ! dehors, les cloches de l’eglise sonnent à toute volée, d’un son que seul le dimanche sait leur donner. en fermant les yeux, je vois des vitraux sublimés par la lumière du jour, aux couleurs envoûtantes, fascinantes, à nulles autres pareilles. des couleurs qu’on voudrait pouvoir imprimer dans sa rétine, à tout jamais. de vénérables bancs aussi, qui craquent un peu; un léger parfum de myrrhe et d’encens, le coeur d’une petite chapelle qui incite au recueillement, au beau, au vrai, à la sérénité, à la paix. le fantôme d’une robe blanche, immaculée, brodée de promesses au fil éternel, m’effleure un instant puis s’évanouit dans un frou-frou gracieux, aérien…je souris: combien d’unions ont-elles été célébrées en ce lieu ? le silence magique règne ici, laissant l’homme nu devant lui-même, heureux qu’en ces lieux, il ne soit pas nécessaire de parler pour être entendu. béatitude ? cela doit y ressembler… ici le temps s’écoule plus lentement, il est comme palpable. il ne vous dépasse pas, il chemine à vos côtés, complice et solidaire. là haut, il veille en maître sur la bonne ordonnance de toutes choses … son regard, figé mais vivant, rassure… son sacrifice reste, aux yeux des hommes, le symbole de la rançon payée en échange de tous les lieux du monde où survivent encore amour, grâce et paix. me montreras-tu, un jour, une petite chapelle que tu aimes bien ? nous y entrerons lorsqu’elle sera déserte, nous nous y assiérons, main dans la main, nous écouterons le chant des vitraux, le silence des orgues, les battements de notre coeur. ***************** posté dans non classé | aucun commentaire » le retour à la maison 31 janvier 2013 jeanne entendit l’ambulance se ranger devant la maison. le cœur battant, elle arriva dans la cour au moment où les infirmiers ouvraient les portes-arrière du véhicule. deux types aux larges sourires joviaux, qui saluèrent jeanne chaleureusement. - alors madame vaillant, on vous ramène votre p’tit mari ! dès que la civière fut extraite du véhicule, jeanne s’empressa de déposer un long baiser sur le front de jacques : - ca y est mon jacques, tu es à la maison, dieu soit loué ! - alors, où est-ce qu’on le mène ce mari, lança le chauffeur ! - oh pardon, s’excusa jeanne ! venez, fit-elle en leur faisant signe de la main, suivez-moi ! au pied de l’escalier de bois, jeanne fit encore signe aux infirmiers de la suivre : - c’est au 1 er , attention, les marches sont assez hautes ! je passe devant ! tu vois, mon jacques, on a fait poser un siège électrique, alors aucun problème pour passer d’un étage à l’autre ! voilà, c’est ici, sur votre gauche, dit jeanne en désignant la chambre. - oh, mais dites monsieur vaillant, c’est un palace ici ! c’est une très belle chambre, vous allez être bien ici, et bien dorloté, pas vrai madame vaillant ? on va vous installer dans votre lit, laissez-vous faire, on s’occupe de tout ! les infirmiers avaient rangé la civière le long du lit, à la même hauteur ; la manœuvre fut exécutée en quelques gestes précis. - merci, vous êtes gentils, remercia jaques d’une voix faible. - pas de problème, monsieur vaillant ! alors portez-vous bien et bonne chance ! jacques leva la main pour saluer les deux hommes, qui redescendirent au rez avec jeanne. dans la cour, jeanne tendit sa main fermée au chauffeur : - tenez, vous partagerez avec votre collègue ! - non, non madame vaillant, merci mais on fait notre métier, rien de plus, vous savez ! - oui, et vous le faites bien, justement. alors faites-moi plaisir, acceptez ! - merci beaucoup, et bonne santé à vous deux ! a 65 ans, jacques n’avait jamais connu le moindre ennui de santé. c’était un homme simple, presque austère, mais fondamentalement bon, épris de justice et d’équité. un fou de livres, et une bonne plume, aussi. il avait publié quelques essais à compte d’auteur : deux romans, une bonne douzaine de contes pour enfants, et puis pas mal de poèmes. juriste écouté, il était en retraite depuis quelques mois quand survint le pépin. tombé de son lit au réveil, il s’était retrouvé incapable de se relever, à demi-paralysé, privé de parole et partiellement aveugle. après six mois d’hospitalisation, suivis de deux mois de rééducation, il regagnait enfin son chez lui, il retrouvait enfin jeanne, sa femme qu’il adorait. sa vue s’était un peu améliorée et surtout, il pouvait à nouveau parler, quoique parfois avec quelques difficultés de prononciation. en dépit d’une bouche légèrement déviée sur la droite suite à l’accident, jacques avait gardé son beau visage, couronné par sa belle chevelure blanche. l’éclat de ses yeux bleus avait quelque peu pâli, mais il demeurait fier. - et blanche ? demanda jacques - mon dieu, j’oubliais s’exclama jeanne dans la cour, blanche aboyait sans discontinuer et se démenait comme une diablesse au bout de sa chaîne. la belle chienne berger suisse avait bien vu le retour de son maître : folle de joie, elle n’attendait que le moment de la lui témoigner. jeanne s’empressa de détacher le chien, qui aussitôt se lança dans l’escalier, qu’il franchit en 4 bonds. un cinquième le fit atterrir sur le lit de jaques, dont il lécha le visage avec passion. - doucement blanche, doucement ! cria jeanne, toute essoufflée sur le pas de porte. blanche s’était maintenant blottie et allongée tout le long du corps de jaques, en poussant de petits gémissements, en léchant la main paralysée aux doigts recroquevillés tandis que de l’autre, son maître la caressait doucement entre les oreilles. jeanne, qui s’était assise sur la chaise d’osier près du lit, vit que jacques pleurait doucement ; de bonheur sans doute. elle essuya à son tour une larme furtive. - c’est bon, hein mon jacques ! - oui, fit simplement jacques en souriant. ils restèrent ainsi de longues minutes, presque sans bouger ; le soleil de printemps perçait le carreau d’un rayon qui venait darder juste sur le lit de jacques. - veux-tu que je tire un peu le rideau ? demanda jeanne - non, laisse, il est si beau ce soleil ! tu sais, j’ai eu si peur de ne pas le revoir. … jeanne, ma jeanne, qu’est-ce qu’on va devenir ? - que veux-tu dire, jacques ? - tu n’ignores rien de mon état, n’est-ce pas ? tu sais qu’il y a un certain nombre de choses que je ne peux plus faire, ou que je peux plus faire seul, répondit jacques dans un souffle, en tournant la tête, comme s’il avait honte de son état. - oui, jacques, mais je suis là, moi. et bien là ! - je sais ma jeanne, mais toi tu es ma femme, pas… - pas quoi, jacques, qu’est-ce que je ne suis pas ? - il y a des choses que je ne veux pas que tu fasses ; à l’hôpitalc’est déjà difficile, alors… - oh mon jacques ! je te reconnais bien là ! toi et ta fameuse pudeur ! le visage de jeanne s’était soudain éclairé d’un sourire presque coquin, et dans ses yeux, de petits lutins s’étaient mis à danser ; elle retourna doucement la tête de jacques afin de pouvoir le regarder droit dans les yeux. puis, de ses deux mains, elle lui prit la sienne. - jacques, mon jacques à moi, tu te souviens de notre rencontre, de notre jeunesse,puis de notre mariage, et tout ça ? - oui, bien sûr, murmura jacques. bien sûr, pourquoi ? - tu te souviens de tout ce qu’on s’est promis ? te souviens-tu que l’on se soit promis de s’abandonner au premier pépin ? - non, bien sûr, mais… - laisse-moi continuer. tu te souviens de la manière dont on a inauguré cette maison ? il n’y a pas un mètre carré de